24/09/2010
Langues minoritaires : français - breton même combat ?
J’ai récemment eu l’occasion d’échanger avec la communauté francophone de l’Etat américain de Louisiane. Dans cet Etat – le plus pauvre des Etats Unis – on compte sur les 4 millions d’habitants environ 250 000 locuteurs de français. Pour parer à l’extinction progressive du parler français, un dispositif d’enseignement par immersion a été institué dans les écoles « sous charte » et on fait, aujourd’hui, état d’une belle réussite de ce système pour les 3 500 élèves qui y sont admis gratuitement.
En prenant connaissance de ces chiffres, on ne peut qu’être frappé de la similitude avec la situation de la langue bretonne : les données bretonnes sont en effet presque les mêmes ; le réseau par immersion Diwan assure lui aussi la scolarisation de plus de 3 000 élèves…
La similitude des situations ne peut manquer d’interpeler ceux qui aujourd’hui en France continuent à penser que l’existence d’une langue minoritaire est un danger pour l’unité nationale ! Qui pourrait à cet égard, sérieusement prétendre que la pratique du français par 250 000 louisiannais met en danger la cohérence politique des Etats Unis ?
C’est d’ailleurs parce que ce danger n’est en aucune façon ressenti dans le pays, que les autorités américaines contribuent au financement public du réseau d’écoles en immersion…
La bonne question perçue par les gouvernants américains est bien celle du risque de disparition progressive d’une langue et d’une culture francophone qui ont profondément marqué l’histoire des Etats Unis et contribuent encore à la richesse patrimoniale et sociale du pays.
C’est je crois la même question qu’il importe de se poser en France. Dans notre pays aussi, le vrai danger ne réside pas dans les risques de rupture de l’unité républicaine mais bien dans les conséquences redoutables d’un appauvrissement du patrimoine linguistique et culturel du pays.
Sauver le breton aujourd’hui, n’est-ce pas sauver le français demain ?
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