Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/03/2016

Réaction du groupe socialiste du Sénat suite à l'intervention du Président de la République sur la révision constitutionnelle

révision constitutionnelle,attentats,déchéance de nationalité,majorité sénatoriale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Chef de l’État a pris acte du refus de la droite de modifier notre Constitution là où la gauche avait fait le choix du compromis national. Ce refus est regrettable alors que notre pays a besoin de rassemblement. C’est une occasion ratée.

Souvenons-nous des terribles attentats du 13 novembre qui ont endeuillé la France, traumatisé les Français et fait de nombreux morts et blessés. Le but des terroristes était d’abattre les symboles de la France, de déchirer notre pacte républicain, d’abîmer notre façon de vivre, de fracasser notre jeunesse. Rappelons-nous dans quelle situation se trouvait le pays. Incertitudes sur la suite de ces actes odieux, inquiétudes quant à la solidité de notre vivre-ensemble.

La France a été visée, la France a été blessée, la France a été meurtrie. Mais parce que la France est la France, elle est restée debout.

Cette unité des Français s’est faite derrière les valeurs de notre république, derrière notre modèle démocratique.

Parce que l’unité du pays était la priorité absolue, le Président de la République a proposé aux parlementaires réunis en Congrès de réformer la Constitution.

Cette réforme avait pour objectif d’intégrer à notre texte fondamental «l’état d’urgence» et «la déchéance de nationalité pour les criminels terroristes condamnés».

Le 10 février, l’Assemblée Nationale a voté une réforme équilibrée qui rassemblait les 3/5ème des députés, seuil requis pour modifier la Constitution. Après de longs débats, la gauche et la droite ont chacune fait un pas l’une vers l’autre pour arriver à un compromis, seule possibilité pour une réforme constitutionnelle.

Le 22 mars, le Sénat a voté à une très courte majorité un texte totalement différent, stigmatisant les bi-nationaux. Ce vote ne permet pas de réformer la Constitution puisque le seuil des 3/5ème n’est pas atteint. Seuls 2 groupes politiques sur les 6 que compte le Sénat se sont exprimés en ce sens.

Une réforme constitutionnelle est un compromis, c’est un rassemblement transpartisan des parlementaires. Les Français souhaitent cette réforme. La majorité sénatoriale est revenue sur la proposition de compromis des députés en privilégiant ses débats internes par rapport à l’intérêt national.

En modifiant le texte ainsi, la droite sénatoriale a rompu l’équilibre droite/gauche obtenu à l’Assemblée et a sonné le glas de cette réforme.

Mais ne perdons pas de vu l’essentiel : la protection de la Nation.

Le groupe socialiste souhaite donc que le texte sur la lutte contre le terrorisme, actuellement débattu au Sénat, ne soit pas lui aussi otage d’une surenchère polémique. L’esprit de rassemblement et d’unité doit retrouver toute sa place.

05/06/2009

La révision constitutionnelle ou La Fontaine revisité…

Le renard et les poulets d inde.jpgCette semaine, nous avons discuté en séance la proposition de résolution visant à réformer le règlement du Sénat afin de le mettre en conformité avec la révision constitutionnelle de juillet 2008. L'UMP - qui ne dispose au Sénat que d'une majorité relative -  n'est pas allée aussi loin qu'à l'Assemblée dans sa volonté de réduire la liberté des sénateurs. Il n'empêche que cette révision constitutionnelle m'évoque à bien des égards quelques fables de La Fontaine dont les morales sont toujours la traduction littéraire d'une dure réalité.

Nicolas Sarkozy, tel le loup déguisé en berger, « endosse un hoqueton, fait sa houlette d'un bâton, sans oublier la Cornemuse, pour pousser jusqu'au bout la ruse, il aurait volontiers écrit sur son chapeau, c'est moi qui suis berger de ce troupeau »... de parlementaires godillots !

A l'entendre sa réforme était parée de toutes les vertus. Elle devait permettre au Parlement de mieux contrôler l'Exécutif et de disposer de nouveaux droits. Cosmétiques et virtuels, ces droits sont purement formels puisque leur mise en œuvre obéit à des règles telles qu'en définitive la présidentialisation du régime est renforcée.

La maîtrise de la moitié de l'ordre du jour par le Parlement, une avancée ? C'est la Conférence des présidents tenue par la majorité, et donc le Gouvernement, qui décidera.

La validation des nominations de l'Exécutif par le Parlement ? La majorité requise est telle que même un cheval pourrait être nommé consul sans qu'on puisse barguigner.

La faculté de voter des résolutions ? Oui, mais à condition qu'elles ne fâchent pas ces messieurs dames du Gouvernement.

La revalorisation des droits de l'opposition ? Habillage subtil pour débaucher quelques voix au Congrès, car l'examen des propositions tel que le « temps global » ou la limitation du droit d'amendement, nous conduit à penser que l'opposition n'aura même plus les moyens de... s'opposer !

Alors que dire de ceux, qui à gauche, voyaient dans la révision une opportunité démocratique ? Comme les poulets d'Inde montés sur l'arbre pour échapper au Renard « toujours il en tombait : autant de pris,  autant de mis à part ; près de moitié succombe. Le compagnon les porte en son garde-manger. Le trop d'attention qu'on a pour le danger, fait le plus souvent qu'on y tombe. »

 

18/02/2009

Droit d'amendement : "nous n'aspirons pas à devenir un Sénat impérial"

428-24-xl.jpgCi-dessous mon intervention, hier en séance, sur l'article 13 de la loi du 10 décembre 2008 concernant le droit d'amendement.

M. le Président, M. le Ministre, mes chers Collègues

Je tenais à exprimer ici mes plus vives inquiétudes concernant le projet de loi organique du 10 décembre 2008, et plus particulièrement quant à son article 13 qui menace de limiter le droit d’amendement des parlementaires.

D’abord, je trouve pour le moins curieux qu’une loi organique oriente dans le sens de la volonté présidentielle les dispositions que devront prévoir les règlements d’assemblées souveraines. A la vérité, il s’agit d’une habilité par laquelle le gouvernement s’emploie à corseter les « nouveaux droits » qu’il prétendait octroyer au Parlement par la révision du 23 juillet 2008 ; et très certainement, c’est l’opposition qui est visée. Beaucoup de parlementaires qui ont voté la révision au moment du Congrès de Versailles s’en mordent les doigts, mais après tout, n’ont-ils pas été victimes des tromperies du gouvernement ?

En effet, la loi organique en renvoyant systématiquement aux règlements des assemblées fait de la majorité dans chaque chambre l’exécutrice des basses œuvres. La qualification de « textes qui se prêtent à une procédure d’examen simplifié » laissée à la discrétion du gouvernement lui donnera les coudées franches pour limiter les amendements sur presque tous les textes !

Pire encore, la possibilité pour les règlements d’imposer un délai pour l’examen d’un texte, assorti d’un vote sans discussion quand il sera expiré – autrement dit le « temps-guillotine » – porte atteinte à l’essence même du parlementarisme.

M. le Ministre, outre la volonté de réduire l’expression de l’opposition et de tenir en laisse votre majorité, la philosophie de l’article 13 contrevient à la dimension individuelle du droit d’amendement des parlementaires. Dois-je rappeler que l’article 44 de la Constitution dispose que ce sont « les membres du Parlement » qui possèdent chacun le droit d’amendement » ? La nouvelle procédure fait des groupes et des commissions – et donc de votre majorité – les seuls véritables lieux de débats, elle réduit le travail parlementaire à sa dimension la plus grégaire. Certes, le travail des commissions est essentiel, mais au nom de quel principe devrait-il primer sur les séances publiques ? La démocratie se vit au grand jour, pas uniquement dans des cénacles de spécialistes. Les débats publics sur les amendements permettent la libre confrontation des arguments et la transparence des choix politiques.

Vous nous parlez d’obstruction pour justifier votre dessein, n’avez pas pensez qu’il y va tout simplement du respect du débat démocratique ? Les juristes de cette assemblée connaissent bien le principe du contradictoire, cette règle procédurale en vigueur devant les tribunaux qui permet à chaque partie de faire droit à ses arguments dans les mêmes conditions. « Audi alteram partem » diraient les latinistes, « chaque partie doit être entendue ».

C’est peut être un hasard, votre projet de loi est daté du 10 décembre, date anniversaire de l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte comme président de la IIème République. Lui aussi a berné le peuple en prétendant défendre le suffrage universel, lui aussi disait garantir les fondements de la démocratie, ses propos rassurants ont été démentis avec fracas 2 ans plus tard lors de son coup d’Etat. Et l’on sait en quelle estime il tînt son Parlement durant son règne ! Plus généralement, M. le Ministre, vous observerez qu’au cours de l’histoire des Parlements, la limitation du droit d’amendement est la marque des régimes autoritaires.

M. le Ministre, ne vous trompez pas de siècle, retirez l’article 13 ! La chambre haute à laquelle nous appartenons n’aspire pas à devenir un Sénat impérial !