21/03/2012
Terres rares : un leadership chinois qui inquiète…
Voilà presque un an, j’avais relevé sur ce blog, combien l’enjeu de la conquête des terres rares est crucial. Cobalt, manganèse, zinc, phosphore jaune… les éléments chimiques qu’elles contiennent sont hautement stratégiques car ils permettent d’accroître la miniaturisation.
Ces métaux rares entrent dans la composition de la plupart de nouvelles technologique, de plus en plus sophistiquées comme les éoliennes, voitures hybrides, ordinateurs, missiles ou autre téléphones portables.
Le problème c’est que les principaux sites de ressources en terres rares sont situés en Chine.
Ce sont en effet 85 à 97% des terres rares qui y sont extraites, non sans problèmes environnementaux d’ailleurs ! Habitants et ouvriers des collines de Baotou, capitale mondiale des terres rares, accusent des taux de cancers importants et des difficultés respiratoires. La pollution résultant de plusieurs années d’exploitation intensives de ces métaux rares est maintenant connue.
Suite à la plainte récemment déposée devant l’OMC par le Japon, les Etats-Unis et l’Union européenne contre la Chine, accusée d’abuser de son monopole, le dossier des terres rares revient sur la table. Les quotas à l’exportation des terres rares instaurée par la Chine risquent en effet d’être déflagratoires pour les puissances économiques…
Derrière cette stratégie économique attirant les entreprises étrangères se profilerait en définitive une tentative de relocalisation sur le sol chinois d’activités à haute valeur ajoutée. Au-delà des considérations liées à la souhaitable indépendance économique dans un contexte mondialisé, le sujet révèle une rare complexité tant il mêle des problématiques antagonistes.
Le cercle vicieux à l’œuvre découle d’une équation aux paramètres parfaitement contradictoires :
- La volonté pour les pays occidentaux de ne pas dépendre du quasi-monopole chinois ;
- La croissance verte, directement dépendantes des terres rares ;
- Le respect de la santé des travailleurs ainsi que de l’environnement.
Des associations ont pointé ce paradoxe consistant à d’un côté inciter à la consommation de produits high-tech et de l’autre refuser d’assumer les impacts environnementaux et sociaux qui en découlent. Face à ce dilemme, elles ont rappelé combien il serait utile (du point de vue économique, environnemental, social) de sortir des logiques d’obsolescence programmée et de rendre réparable les produits mis sur le marché.
L’enchaînement a bien été résumé par le directeur de l’APESA (centre technologique en environnement et maîtrise des risques) : « La quantité d'énergie nécessaire à extraire ces matériaux va doubler. Et les avantages environnementaux des objets industriels fabriqués avec ces terres rares ne compenseront pas les dégâts de longue durée causés par les procédés d'extraction. Le recyclage restera une réponse limitée : d'un coût élevé, il ne fera que retarder l'échéance ».
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