20/05/2016
Finance parallèle : Doit-on s’inquiéter des 80.000 milliards d'€ d’actifs du shadow banking ?
Le "shadow banking" est souvent traduit en français par "finance de l’ombre" ou "finance parallèle. De telles appellations ne manquent pas d’interroger d’autant que l’intermédiation financière non bancaire est assez souvent mentionnée comme pouvant contribuer à certaines dérives spéculatives susceptibles de créer des bulles financières pernicieuses ou de générer des risques d’un nouveau genre.
Que pèse réellement cette finance parallèle ? De quels risques émergents peut-on faire état ? Faut-il renforcer la régulation de ce secteur financier ? Ce sont là les questions qui appellent une information précise et la plus complète possible.
C’est pour contribuer à atteindre un tel objectif d’information et faire quelques préconisations appropriées en matière de régulation publique de la transparence des marchés que j’ai récemment conduit, au sein de la Commission des affaires européennes du Sénat, un travail d’analyse sur le sujet.
Un rapport a été présenté en commission le 12 mai dernier.
Il est consultable en ligne :
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16/03/2016
Planche à billets de la BCE : jusqu’où ira-ton ?
"De l’argent, des monceaux d’argent,… il est un monde où l’argent n’est pas un problème : c’est celui des banquiers centraux". C’est ainsi que le journal Le Monde du 12 mars commentait la décision de la BCE visant à densifier encore davantage sa politique de "quantitative easing" (Q.E.), lancée le 9 mars 2015.
Certains se réjouissent que "super Mario ait frappé encore plus fort que prévu" en faisant tourner la planche à billets à un régime accentué.
Mais pour quels résultats ? Là est la question délicate !
Car le bilan des interventions monétaires massives de l’année passée est assez calamiteux, tant en ce qui concerne l’inflation, que bien sûr l’irrigation des terrains économiques susceptibles de produire et d’innover.
Avec d’autres économistes, Patrick ARTUS ne manque pas de mettre en garde depuis des mois (dernier ouvrage "La folie des banques centrales – Pourquoi la prochaine crise sera pire", 2016).
Pour ma part, je ne suis pas loin de partager l’opinion de l’économiste Philippe BECHADE (Libération du 11 mars 2016) qui professe l’idée que la BCE s’évertue à mettre en œuvre "une thérapie qui ne marche pas"…
Nul ne peut ignorer que la politique monétaire mise en œuvre à grande ampleur par la BCE a un caractère expérimental hasardeux car ne reposant sur aucune théorie économique clairement identifiée. Le succès est loin d’être garanti. A l’inverse, les effets pervers inévitables peuvent avoir un impact déflagratoire très nocif, par exemple pour les épargnants modestes.
"Tout l’argent du Q.E. va-t-il dans le casino boursier ?", comme le craint Philippe BECHADE. C’est une inquiétude majeure que l’on peut nourrir aujourd’hui encore plus qu’hier, suite aux décisions récentes de la BCE.
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20/04/2009
Nicolas SARKOZY, le G20 et la « refondation du capitalisme »…
Une polémique médiatique vient d’être déclenchée en France suite à un article du journal LIBERATION sur les propos de Nicolas SARKOZY devant un groupe de parlementaires le mercredi 15 avril 2009.
Quand on connaît le style « m’as-tu vu » du Président, on ne peut à l’évidence être surpris de la teneur des propos rapportés par le quotidien d’opposition. Rien dans l’article de LIBERATION ne peut conduire à penser qu’on serait dans l’excès ou la caricature des propos et de leur auteur (coutumier de ce genre de déclarations abruptes…). Pourtant, à mes yeux, les sujets de fond ne doivent pas être occultés par des polémiques sur la forme !
Car à l’issue de ce déjeuner-débat en question, je me suis convaincu -après une écoute attentive du compte rendu fait par le Président de la République- que le balancier de l’Elysée, après avoir été très loin depuis quelques semaines dans le sens d’une REGULATION accrue du capitalisme, était en train de revenir à toute allure vers une approche libérale des choses et la primauté donnée au « marché » pour régler nos problèmes économiques et financiers.
Le discours « pro-actif » tenu au sujet du G20, des paradis fiscaux, des rémunérations des dirigeants, du court termisme, etc.…, peut paraitre attrayant à certains égards. Des observateurs ont d’ailleurs pu évoquer depuis l’automne 2008 le virage à gauche de SARKO « le Keynésien » !
En réalité, la question essentielle est de savoir en quoi notre président et son gouvernement manifestent aujourd’hui une volonté de mieux réglementer les marchés en dysfonctionnement, de faire prévaloir les exigences du long terme (sur celles du court terme), d’utiliser le levier fiscal pour introduire plus de justice (et non pour fabriquer des boucliers pour les plus aisés), de placer la gouvernance des banques et des grandes entreprises sous un régime plus respectueux d’éthique et d’équité des rémunérations. Il m’apparaît que sur tous ces points, la philosophie de Nicolas SARKOZY reste en définitive bien ancrée dans la rade de l’immobilisme « libéral ».
Car si l’on veut vraiment « refonder le capitalisme », c’est en s’attaquant sur le fond aux dérives inacceptables des comportements d’acteurs (traders, patrons à parachutes dorés, régulateurs et agences de notation complices…) qu’on aura quelques chances de mieux se prémunir contre la succession annoncée de crises de plus en plus dévastatrices…
On nous dit souvent : « Mais la France seule ne peut rien ! Nous sommes dans une économie mondialisée…, …, On est bien obligé de payer ses dirigeants selon les usages mondiaux du capitalisme… »
Si l’on s’en tient à ce discours, on serait conduit à admettre que sans les parachutes dorés et stock options, les grandes entreprises installées en France, ne trouveraient plus de patrons pour les diriger!
Triste conception défaitiste…
D’autant que ce sont les mêmes qui, il y a peu, nous ont abreuvés de discours sur le « patriotisme économique » !
On est encore bien loin d’une véritable « refondation du capitalisme » !... Il y a vraiment très loin de la parole "sarkozyste" aux actes !
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06/01/2009
Eh oui, Keynes est partout aujourd’hui !
John Maynard Keynes est l’homme de l’année 2008.
La crise du capitalisme mondialisé donne une singulière actualité à ses analyses et à ses principes de politique économique, enterrés depuis la stagflation des années 70, puis son dénouement par l’application de principes monétaristes à partir des années 80.
L’effondrement simultané du crédit, de l’immobilier et des marchés financiers débouche sur une configuration typiquement keynésienne. Les ETATS sont appelés en sauveurs de l’Economie mondialisée. Comme le fait remarquer J. E. STIGLITZ (Prix Nobel de l’Economie en 2001), « pour tous ceux qui se revendiquent de la tradition keynésienne, c’est un triomphe, après une traversée du désert de plus de 30 ans » (Les Echos du 15/12/08).
Mais attention aux dérives et aux conversions de circonstances de la droite américaine et européenne. Car le risque aujourd’hui, c’est que les doctrines keynésiennes soient utilisées à mauvais escient pour servir à nouveau tous ceux qui ont profité du système néo libéral. « Tous ceux qui ont appelé il y a dix ans à la dérégulation ont-ils tiré les leçons ou se contentent-ils d’encourager des réformes superficielles pour justifier les milliards de milliards de dollars dépensés par les ETATS pour sauver le système ? »
On sait que pour l’argent roi, tout est bon. Alors pourquoi pas un peu plus de keynésianisme si cela permet à terme d’améliorer la rentabilité du capital et de conforter les stock-options !
Keynes détourné ? Pas invraisemblable….
Prenons-y garde !
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